Juil 28

La mort de Robespierre ou l’élan de l’égalité brisé

Tribune parue le 28 juillet 2014 sur Marianne.

Marianne 1

Francis Daspe est secrétaire général de l’AGAUREPS-Prométhée (Association pour la gauche républicaine et sociale – Prométhée). Il est également co-auteur du livre intitulé « Hollande, la République pour cible », éditions Bruno Leprince, collection Politique à gauche, avril 2014.

 

 

Il y a 220 ans, les 27 et 28 juillet 1794, la Convention renversait Robespierre.  Le 10 Thermidor de l’An II, lui et ses amis étaient guillotinés. La signification de cet événement est considérable. Elle a été pourtant sujette à manipulations.

L’exécution des robespierristes marque d’abord la fin de la révolution. Certes des débats autant idéologiques qu’historiographiques existent quant au terme de la révolution française. Certains le fixent en 1799, au coup d’état de Brumaire qui marque la fin de la République et l’arrivée au pouvoir du consul Napoléon Bonaparte. D’autres retiennent 1815 et l’abdication définitive de l’empereur Napoléon I° qui permet le retour de la monarchie des frères de Louis XVI. Dans le sens d’une rupture dans la recherche de plus l’égalité, la mort de Robespierre marque bien la fin de l’idéal révolutionnaire.

 

Elle consacre en fin de compte le triomphe de la deuxième phrase de la l’article 1 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789. Celle-ci est trop souvent oubliée, pour ne retenir que la première phrase, nécessaire et consensuelle (les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits). Si celle-ci proclame l’égalité civile (et donc la fin de la société d’ordres et de privilèges de l’Ancien Régime), la seconde se refuse à faire de l’égalité sociale l’horizon commun de la nouvelle société. En effet, les « distinctions sociales » y sont consacrées, même si elles sont contrebalancées par « l’utilité commune » En affirmant ainsi que « les distinctions sociales ne pourront être fondées que sur l’utilité commune », la voie vers une société de classes était ouverte, avec toutes ses injustices contre lesquelles le mouvement ouvrier et socialiste se bat depuis deux siècles. Car la notion d’utilité commune est ce qu’il y a de plus délicat à manier, se prêtant aisément à toutes les formes d’instrumentalisation. Dire que les nobles et les courtisans oisifs avaient une utilité commune toute relative est évident ; en profiter pour établir des hiérarchies parmi les futurs travailleurs beaucoup moins.

 

La réaction thermidorienne qui allait s’enclencher après l’exécution de Robespierre le montre nettement. Le rétablissement du suffrage censitaire en constitue un premier exemple. Le discours de Boissy d’Anglas pour le justifier est à cet égard édifiant. Trois extraits de son discours en témoignent. « L’égalité civile, voilà tout ce que l’homme raisonnable peut exiger. L’égalité absolue est une chimère ». « Nous devons être gouvernés par les meilleurs, les meilleurs sont les plus instruits et les plus intéressés au maintien des lois ». « Un pays gouverné par les propriétaires est dans l’ordre social, celui où les non-propriétaires gouvernent est dans l’état de nature ».

Les éléments de la réaction se sont également étendus au champ économique. La loi sur le maximum des denrées fut abolie dès la fin de l’année pour revenir à la liberté économique caractérisant une véritable société de classes. Ce fut d’ailleurs l’ultime insulte qu’entendit l’Incorruptible au pied de l’échafaud : « Foutre, le maximum ! ».

Il en est allé de même pour d’autres domaines, qu’ils soient physiques ou symboliques. Car c’est dans cette articulation que réside la sinistre alchimie des contre-révolutionnaires. Les velléités de République sociale que portaient les Montagnards furent en effet liquidées. Physiquement avec les derniers députés qui siégeaient sur la crête de la Convention (ils étaient nommés pour cela les Crétois). Ils avaient soutenu lors des ultimes insurrections des sans-culottes parisiens de germinal et de prairial (1° avril et 20 mai 1795) les revendications populaires résumées par le mot d’ordre « du pain et la constitution de 1793 ». Symboliquement ensuite : le mot révolutionnaire fut proscrit par le décret du 12 juin 1795, la destruction des bâtiments des Jacobins de la rue Saint-Honoré fut ordonnée par celui du 24 juin.

 

L’analyse de cet événement historique possède une actualité ; elle ouvre également des perspectives. Le combat pour l’égalité reste toujours une urgence au moment où tous les rapports notent l’accroissement des inégalités sociales et territoriales. Pour cela, les thermidoriens d’aujourd’hui, c’est-à-dire les réactionnaires et les oligarques de tout poil, sont à l’œuvre. Ils ont, pour parvenir à leur dessein, mobilisé la notion d’équité. Elle leur sert de caution commode. Ils l’utilisent pour masquer le caractère intrinsèquement sombre de leurs visées, en agitant le concept vague d’égalitarisme. Le triomphe de l’équité sonne en réalité comme le renoncement à l’égalité. En cas d’obstacle, les nouveaux réactionnaires n’hésitent pas à utiliser différentes formes de violence, sociale et symbolique principalement. Celles-ci s’inscrivent dans le prolongement de la terreur blanche des contrerévolutionnaires. L’héritage de Robespierre et de la République montagnarde nous incite plus que jamais à entretenir le flambeau de l’égalité.

 

 

 

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Juin 19

Renflouer les urnes par un bourrage de crâne ? Le scandale du bac ES

Tribune parue le 19 juin 2014 sur le site de Rue89.

rue89

 

Francis DASPE est président de la Commission nationale Education du Parti de Gauche. Il est aussi Secrétaire général de l’AGAUREPS-Prométhée (Association pour la gauche républicaine et sociale – Prométhée).

La laïcité ne se limite pas à la question des relations entre l’Etat et les Églises. Elle stipule la neutralité de la puissance publique vis-à-vis des dogmes, idéologies et philosophies de toutes sortes. La première partie du sujet de Sciences économiques et sociales du baccalauréat de ce jeudi 19 juin en offre une illustration édifiante. Ou plutôt un contre-exemple extrêmement préoccupant.

Dans la partie « Mobilisation des connaissances », les deux questions posées contreviennent de manière scandaleuse aux principes républicains les plus élémentaires en raison de leur orientation idéologique. Il est d’abord demandé aux élèves d’expliquer « comment la flexibilité du marché du travail peut-elle réduire le chômage ». Ils doivent ensuite décrire « à quels risques économiques peuvent s’exposer les pays qui mènent une politique protectionniste ».

Ces intitulés constituent une propagande éhontée, en dépit des précautions d’usage bien ténues sur l’utilisation du verbe pouvoir dans les intitulés. Ils visent bien cependant à inculquer aux futurs bacheliers la soi-disant réalité du TINA thatchérien (there is no alternative dont la traduction est aisée à comprendre : il n’y a pas d’alternative).  En dehors des politiques libérales et libre-échangistes fondées sur l’austérité, la concurrence et le dumping,  point de salut. Il n’y aurait donc qu’une seule politique économique possible. Nous avions eu l’occasion de dénoncer ces partis-pris idéologiques délibérés dans deux autres tribunes publiées dans ces mêmes colonnes. Une portait sur l’esprit d’entreprise vanté par le président de la République[1], l’autre plus récente traitait des allègements de programmes en Histoire/Géographie dans l’enseignement professionnel[2].

Ces politiques néolibérales décomplexées produisent systématiquement des dégâts sociaux considérables en France comme en Europe et dans le monde ; elles sont en échec notoire, aggravant le mal par le mal. Pire, elles ont été massivement rejetées à l’occasion des dernières élections municipales et européennes. Les peuples n’en peuvent plus et l’ont fait savoir de diverses manières, des plus regrettables aux plus encourageantes. En dépit de tout bon sens, c’est pourtant le moment que choisit le gouvernement français pour jouer au « petit télégraphiste » des oligarchies de la « Troïka » (Commission européenne, Fonds monétaire international, Banque centrale européenne). Espère-t-il à terme par ce subterfuge solférino-thatchérien, improbable synthèse qui semble caractériser de plus en plus l’action de Manuel Valls, renflouer les urnes par un bourrage de crâne ?

Ce formatage des consciences n’est pas acceptable. Ces pratiques se situent aux antipodes des valeurs universalistes, humanistes et émancipatrices d’une Ecole de la République digne de ses missions. Il convient de dénoncer sans faux-semblants cette indignité supplémentaire. La mise en place de l’Ecole du peuple reposant sur ses deux piliers, l’égalité et l’émancipation[3] devient une urgence impérieuse. D’ici là, gageons que les correcteurs sauront faire preuve de sagesse en valorisant l’esprit critique des candidats qui auront fait remarquer que ces politiques sont bien loin de mener à l’horizon radieux promis par le capitalisme. Souvenons-nous que ces mêmes professeurs de Sciences économiques et sociales s’étaient massivement insurgés contre les programmes proposés sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Ces deux questions n’en sont que le prolongement logique.

 

[1] L’esprit d’entreprise à l’école : une atteinte à la laïcité, 1° mai 2013, http://rue89.nouvelobs.com/2013/05/01/lesprit-dentreprise-a-lecole-atteinte-a-laicite-241969

[2] Des allègements de programmes contraires au principe de laïcité, 23 septembre 2013, http://rue89.nouvelobs.com/2013/09/23/allegements-programmes-contraires-principe-laicite-245901

[3] Voir le livre de François COCQ et Francis DASPE, L’Ecole du peuple. Pour l’égalité et l’émancipation, éditions Bruno Leprince, collection Politique à gauche, août 2012, Chapitre 5 (pages 49 à 52) http://www.graffic.fr/politique-a-gauche/32-l-ecole-du-peuple-9782364880122.html

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Juin 17

SNCF leur combat c’est le nôtre !Soutenons- les

gare perpignanLE PG SOLIDAIRE DU COMBAT DES CHEMINOTS
Ce 17 juin à 12H les cheminots de Perpignan appelaient à une manif devant la gare de Perpignan.
Depuis 7 jours, ils sont en grève contre la réforme ferroviaire que le gouvernement veut faire passer en force, avec la complicité des dirigeants de la SNCF.
Ici, dans les Pyrénées Orientales, cette réforme va attaquer frontalement :
– la survie du Train Jaune, la mise en danger des lignes Perpignan/Villefranche et Perpignan/Cerbère
– la disparition de la boutique de vente et des guichets de renseignements
– la quasi disparition du fret ferroviaire, et le développement du transport par camions !
– la disparition des correspondances TER/TGV.
7 Jours de grève… PC, NPA et Parti de Gauche sont venus apporter leur soutien et
leur solidarité aux cheminots grévistes
(CGT, SUD et FO).
Au nom du PG, Dany Benquet a rappelé
que c’est donc bien du
démantèlement du statut des
cheminots dont il est question. Et au
delà de tous les services publics !
Cela venant amplifier les dégâts au niveau national.
ILS ENTENDENT DEFENDRE CE GRAND SERVICE PUBLIC MENACE !
LE PG RESTE SOLIDAIRE DU COMBAT DES CHEMINOTS DE PERPIGNAN… ET DE FRANCE!

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Juin 09

d’Eric Coquerel: REFONDATIONS

Rassembler ! Sauf les soutiens du gouvernement

Voilà le type de travail à mettre en place dès la rentrée.

Une fois répondu au « pourquoi faire ? », il faut se demander avec qui évidemment. Entre quelles forces ? Le FDG pour commencer. Malgré ses imperfections, il est un acquis précieux. Il reste une force militante quasi unique dans le pays comme l’a encore montré notre campagne européenne mais aussi les marches qu’il a initiées ou supportées. Mais ce ne peut être le même Front de Gauche. Est-ce que cela passe par son élargissement, une alliance plus large à laquelle il travaille et dans laquelle il s’insère, voire son dépassement dans un plus grand rassemblement ? L’avenir le dira. Mais ce nouveau Front devra répondre à trois exigences : sa volonté de créer un rassemblement à vocation majoritaire et gouvernemental dans le pays, je l’ai dit, entrainer vraiment une implication citoyenne et refuser toute ambiguïté avec le gouvernement et les partis qui le soutiennent. A fortiori le Modem ! Toutes les passerelles sont possibles, tout travail commun est souhaitable mais entre les forces, sensibilités, personnalités qui, à gauche, ne se reconnaissent pas dans la politique du gouvernement. Toute ambiguïté laissant à penser que nous serions dans le même camp que lui, critiques certes mais potentiellement dans le même camp, nous amènera à rééditer le résultat des Européennes au premier tour des Présidentielles. En pire même… Donc oui à un travail potentiel et sans autres conditions avec EELV, en restant vigilant puisque ses propositions de travail programmatique du Modem au FDG ne vont pour le moment pas dans le bon sens ce qui devrait d’ailleurs susciter bien des débats en interne, Nouvelle Donne, voire le MRC, la gauche radicale, les socialistes dissidents… Le PS ? Au FDG, seuls pour le moment la Gauche Unitaire de Christian Picquet nous demandent des les interpeller comme les autres au nom d’une stratégie de Front unique figée aux années 30 quand la sociale démocratie était certes réformiste mais pas passée avec armes et bagages du côté du libéralisme. C’est non seulement incantatoire mais semeur d’illusion car laissant à penser en définitive que nos politiques ont quelque chose à voir. A moins bien sûr que Cambadélis n’appelle son parti à refuser de voter le collectif budgétaire… Est-ce crédible de laisser cette hypothèse ouverte ? Du côté des urnes, les élections régionales et départementales de l’automne 2015 constituent un rendez-vous idéal pour donner corps à cette alliance. C’est l’objectif à tenter. Pour passer en tête de la gauche et battre la droite et le FN, deux objectifs qui doivent rester les nôtres à terme, sans céder au découragement.

Garder le cap d’un front politico-social

Mais ce Front ne s’arrête pas aux forces politiques. Ne serait-ce que parce que nous ne savons pas par quel biais cela va redémarrer, une mobilisation sociale n’étant pas à exclure malgré la division syndicale. Nous devons donc soutenir et participer à toutes les initiatives de Front politique, syndical et associatif tel celui qui s’est mis en route pour la marche du 12 avril et qui se poursuit depuis dans un collectif qui prépare une journée de réflexion et d’ateliers le 21 juin. Il y a plusieurs exemples en France avec des résultats inégaux mais un au moins fonctionne à une échelle de masse. Dans les Bouches-du-Rhône le collectif Riposte réunit les partis, les syndicats, les associations opposées à la politique d’austérité. Il se pérennise en démontrant son utilité concrète : dans les entreprises en lutte du département, les syndicalistes disent combien ce collectif leur est utile dans l’établissement d’un rapport de force. Est-ce que les victoires récentes d’Ascometal et de Fralib auraient été obtenues sans ce collectif et sa dynamique ? Ce n’est nullement certain. Ce sont les salariés eux-mêmes qui le disent.

De tels fronts permettent une véritable implication citoyenne qui pour le coup transcende les organisations qui y prennent part. Ce sont des démonstrations vivantes du front du peuple auquel nous aspirons justement depuis la création du FDG. Tout ce qui permet de développer le travail de terrain, l’association de citoyens à travers des assemblées, collectifs ou autres va dans le bon sens y compris les assises du FDG, voire plus larges, demandées par différents appels.

Gagner contre le Traité Transatlantique

De ce point de vue la mobilisation contre le Traité Transatlantique peut être un autre champ de construction de cette unité des antilibéraux. La campagne européenne a eu au moins pour intérêt de mettre cette question en avant à une échelle de masse. Les réunions de collectifs rassemblent déjà des centaines de personnes. Elles rappellent par leur caractère d’éducation populaire, la campagne de 2005 contre le TCE. Les prises de position de nombreuses collectivités territoriales contre cet accord vont aussi dans ce sens. C’est une bataille contre le libre échange que nous devons poursuivre activement et que nous pouvons gagner ce qui dans les temps qui courent est évidemment essentiel. Elle peut permettre d’accélérer la recomposition nécessaire.

Notre dessein : l’écosocialisme

Enfin aux mesures d’urgence gouvernementales, aux mobilisations sociales et sur le TAFTA, il faut ajouter un fond de jeu, un dessein à opposer au libéralisme à l’échelle française et internationale. Pour le PG c’est l’écosocialisme. D’autres forces en France et maintenant en Europe s’y rattachent. Nous espérons que d’autres le feront leur et notamment le FDG. C’est pourquoi, si possible avec les mêmes forces qui accepteront de se poser la question d’une alternative gouvernementale, nous devons continuer à travailler à des assises sur ce thème. L’écosocialisme est le projet de société qui nous manquait, il peut être notre horizon, et la passerelle d’une refondation à gauche

Refondons

Car, on l’aura compris, le seul moyen d’éviter le pire est maintenant d’accélérer la refondation de la gauche. Le FDG a commencé à y travailler depuis 2008. Heureusement qu’il l’a fait même avec ses limites car nous serions dans une situation bien plus délicate encore. Mais cela ne suffit plus : l’heure n’est pas à détruire ce qui existe mais à y prendre appui pour construire plus grand, plus solide, plus ambitieux. Je me garderai pour l’heure de donner un nom à ce Front plus large, ce sera pour plus tard. Mais il n’y a pas d’autres alternatives que d’y travailler d’arrache-pied.

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Juin 06

Une réforme des territoires qui dissout la République

Tribune parue le 6 juin 2014 sur Marianne.

Marianne 1

Francis DASPE est Secrétaire général de l’AGAUREPS-Prométhée (Association pour la gauche républicaine et sociale – Prométhée)

 

« Hollande, la République pour cible », tel est le titre de l’ouvrage co-écrit avec François Cocq (éditions Bruno Leprince, avril 2014). Pour qui n’avait pas lu le contenu du livre, il pouvait apparaître comme le témoignage d’une surenchère verbale. Le projet de réforme territoriale dévoilé il y a quelques jours par le Président de la République nous épargnera d’une telle caractérisation. Notre analyse était juste.

En préalable, rappelons-le : ces propositions s’inscrivent dans la continuité de la réforme des collectivités territoriales voulue par son prédécesseur Nicolas Sarkozy. Les départements sont programmés à disparaitre à très brève échéance. Les communes voient leurs compétences réduites à peau de chagrin. Depuis la Révolution française, la République s’est construite sur le triptyque commune / département / Etat, comme échelons de la démocratie de proximité et cadres de l’expression de la souveraineté et de la solidarité. On veut leur substituer un autre triptyque. Des intercommunalités, des métropoles et des grandes régions, l’ensemble devant se conformer aux conditions d’airain définies par l’Union européenne.

En effet, à travers le projet que portera le gouvernement Valls, transparaît très nettement la volonté de faire passer la France sous les fourches caudines des canons idéologiques édictés par l’Union européenne. La mise en adéquation avec les dogmes européistes est présentée comme la seule voie possible : concurrence libre et non faussée, compétition systématique des territoires, primauté de la loi du marché, privatisation inéluctable des services publics, extension de la sphère de la marchandisation, rabot de la prétendue rationalisation. Les grandes absentes sont les compétences sociales : au mieux elles sont réduites à des coquilles vidées de leur substance. La nouvelle règle d’or des territoires ainsi reconfigurés devient toutes les formes de dumping. Exit les notions de solidarité ou de cohésion.

 

François Hollande a au moins raison sur un point. Il s’agit bien d’un grand chamboulement de l’architecture institutionnelle du territoire français. Un projet de société en découle naturellement. Cette réforme doit être comprise, non pas comme le seul prolongement des actes de décentralisation précédents, mais plutôt comme l’application au champ administratif et territorial du tournant libéral de 1983. Pour reprendre l’expression de l’époque, le projet de démocratie socialiste était alors mis entre parenthèse. Aujourd’hui, c’est l’héritage républicain matricé par la Révolution qui est mis en congé. La République une et indivisible permettait à une masse de sujets de devenir pleinement citoyens. Sa dissolution programmée aura pour conséquence de transformer les citoyens en une masse inorganisée de consommateurs de la « chose publique ».

Dans la tribune adressée par François Hollande à la presse régionale le processus est à l’œuvre de manière éclatante : on ne discerne plus d’intérêt général, mais une multitude d’intérêts particuliers arrimés à des territoires en concurrence, dépouillés qui plus est de toute conscience collective que les objectifs de cohésion et de solidarité, même insuffisamment réalisés, structuraient tant bien que mal par le passé.

Ce meccano territorial est clairement d’essence contre-révolutionnaire au sens premier du terme. Il favorise la re-féodalisation de la France, ce dont témoigne le succès de quelques grands barons féodaux qui ont été en capacité de faire prévaloir leurs intérêts particuliers. Il institue un nouveau bréviaire, celui de la compétitivité et de la concurrence, toutes deux érigées en dogmes de l’action territoriale publique.

 

En conséquence, la régression démocratique sera d’ampleur. Saint-Just avait parfaitement perçu le lien entre l’organisation administrative du territoire et la capacité d’expression de la démocratie. Devant la Convention, le 15 mai 1793, il expliquait les bases sur lesquelles doit reposer tout découpage territorial. La division ne pouvait pas être attachée au territoire comme sous la monarchie. Si tel était le cas, « le peuple est divisé, la force du gouvernement se concentre, et le souverain épars se rapproche difficilement ». Il plaidait au contraire pour une division attachée aux hommes en s’appuyant sur les communes et les départements : « Si la division est attachée au peuple, ou par tribus, ou par communes, cette division, n’ayant pour objet que l’exercice des suffrages et de la volonté générale, le souverain se forme alors, il se comprime, et la République véritablement existe ».

C’est l’exact contraire que préconise le Président de la République. La « République contractuelle » en ouvrait la voie. Dans ce cadre, des contrats négociés se substituent à la loi commune à tous et égale pour tous. Une tentative avait déjà échouée par référendum le 7 avril 2013 : les Alsaciens avaient rejeté le projet d’intégration / disparition des deux départements au sein d’une seule et nouvelle entité territoriale dotée du droit d’expérimentation législative.

 

Contre toutes les formes insidieuses de dissolution de la République, il existe une solution incontournable : l’instauration d’une VI° République. C’est la condition sine qua non pour que les citoyens soient reconnus membres d’un corps politique dont découle l’unité du peuple, et non pas réduits à s’identifier à un territoire avec pour seul horizon des intérêts particuliers. C’est en cela que réside l’idéal de la République ouvrant sur l’universel porté par la reconnaissance en tous domaines du primat de l’intérêt général.

 

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Juin 01

Les Européennes dans le 66

castilletEuropéennes 2014 Pyrénées Orientales

Européennes 2014 Pyrénées Orientales
2009        2014         dif  en voix          en %
FdeG             10 892      13 667             2775          +25.47%
FN                 12 243      53 041          40798         +333 %
UMP              34 111      26 689          -7422           -21.75%
MODEM          7 986        8 670              684           +8.56%
PS                17 742      18 549               807           +4.5%
EELV           18 592       14 800          -3792          -20.39%
N Donne                             3 092         3092         +100%
AUTRES       20369         12278         -8091

EXPRIMES 127 719       150 566      22847      +17.88%
Inscrits        323 242       342 023     18781          +5.8%

commentaires
Avec 18771 nouveaux inscrits, les 2775 voix de progression du Front de gauche
représentent 32,18% en prenant en compte l’abstention :Le FdG progresse donc
Certes personne ne peut se satisfaire de ces résultats  mais le socle FdG ne se

fragilise pas .Dans l’analyse fine qu’il convient de faire sans flagellation ,juste avec

humilité et responsabilité, cette base va profiter à la stratégie politique de rassemblement

qui ne va manquer de se construire. Dany

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Mai 30

Rythmes scolaires à Perpignan : l’addition des pires

Tribune parue le 30 mai 2014 sur le site de Mediapart.

Mediapart

Francis DASPE, président de la Commission nationale Education du Parti de Gauche. Il est également secrétaire général de l’AGAUREPS-Prométhée.

 

La volonté de la municipalité de Perpignan de regrouper les activités périscolaires le vendredi après-midi confirme, si besoin était, que la réforme des rythmes scolaires constitue une véritable impasse. Chaque jour des exemples nouveaux venant de communes devant faire face à des problèmes plus ou moins insolubles en attestent.

Cette proposition est particulièrement mauvaise : elle entérine tous les aspects négatifs des précédentes réformes. D’une part, celle de droite avec le décret du 15 mai 2008 relatif à l’organisation et au fonctionnement des écoles maternelles et élémentaires de Xavier Darcos. D’autre part, celle des ministres socialistes Vincent Peillon (décret du 24 janvier 2013 relatif à l’organisation du temps scolaire dans les écoles maternelles et élémentaires) et Benoît Hamon (décret complémentaireportant autorisation d’expérimentations relatives à l’organisation des rythmes scolaires dans les écoles maternelles et élémentaires du 7 mai 2014).  Une telle disposition signifie en effet qu’il n’y aura pas d’allègement horaire des autres journées scolaires. Autrement dit, les journées surchargées suite au passage à la semaine de quatre jours de Xavier Darcos seront maintenues.  En outre, confrontés à des journées inchangées, les écoliers perdront en sus le repos du mercredi. Par conséquent, l’argument du prétendu bien-être de l’enfant rituellement avancé ne tient absolument pas.

Le décret du nouveau ministre de l’Education nationale Benoît Hamon visait à autoriser un certain nombre d’assouplissements. L’objectif était  de calmer la fronde grandissante des élus locaux. Nombre de ces derniers se retrouvaient  désemparés devant la complexité de la mise en œuvre de la réforme et son coût financier dans un contexte d’austérité. Il ne résout en définitive rien. Au contraire, il permet plus facilement la mise en place d’une école à la carte, commune par commune. Il s’agit là d’une rupture significative de l’égalité territoriale et du cadre national de l’Ecole de la République. Le processus de territorialisation, qui était un des véritables objectifs de la réforme Peillon dans un contexte de déclinaison de l’acte III de la décentralisation, peut donc s’accélérer. Les projets éducatifs de territoire (pedt), qui s’en font le prolongement, se situent à rebours de l’évolution séculaire ayant présidé à la construction de l’Ecole de la République.

Véritable usine à gaz, cette gestion de la question des rythmes scolaires additionne le pire des précédentes réformes Darcos, Peillon et Hamon. Les vraies motivations ne sont pas le bien-être de l’enfant et la réussite de l’élève, simples alibis commodes pour esquiver tout débat de fond. Elles renvoient à des enjeux idéologiques masqués et à des recherches compulsives d’économies. Ces enjeux idéologiques, nous n’avons cessé de les mettre en exergue dès de début des débats. En plus de la préservation du cadre national, les questions de gratuité, de marchandisation, de statut des personnels, de laïcité et du devenir des écoles rurales se trouvaient en réalité au cœur de questionnements trop souvent occultés.

L’Ecole de la République doit rester nationale. Les projets éducatifs de territoire viennent en appoint de ce démantèlement programmé. Ce qu’exige la question des rythmes scolaires, c’est  d’une véritable réflexion sur l’articulation entre les temps scolaires et les temps sociaux et familiaux. Une telle démarche serait radicale : elle tendrait à élaborer en creux un projet de société alternatif. Un projet qui s’efforce de procéder à la relocalisation de l’activité. Les distances entre lieu de d’habitat et lieu de travail, les fameuses migrations pendulaires dont les coûts en termes économiques, sociaux et de santé publique n’ont jamais été évalués avec sérieux, en seraient réduites. Un projet qui inciterait à de nouvelles manières, non seulement de produire, mais aussi de consommer. Un projet qui mettrait hors-la-loi la précarité pour l’éradiquer. Voilà en quoi consisterait prendre à bras-le-corps la question des rythmes scolaires.

Ce projet passe bien évidemment par l’abrogation des décrets Peillon-Hamon. Une réécriture nécessite en parallèle la pleine suppression du décret Darcos, pas la réintroduction par la fenêtre, sous couvert d’assouplissements, de ses dispositions les plus négatives. Sans quoi, nous serons condamnés à subir le cumul du pire des dernières réformes.

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Mai 29

Communiqué après européennes

Communiqué du PG 66
Faire entendre la voix du Front de gauche pour trouver une voie à gauche
Le 26 / 05 / 2014,
Le Parti de Gauche 66 exprime sa satisfaction de la réélection de Jean-Luc Mélenchon comme député européen. Plus que jamais, devant les impasses économiques, sociales, écologiques et démocratiques générées par les politiques d’austérité, la France et l’Europe ont besoin de voix fortes pour porter l’espoir d’une alternative radicale. Jean-Luc Mélenchon continuera à être une de celles-ci.
Il exprime cependant sa double préoccupation devant le fort taux d’abstention et le score élevé du candidat du Front National. Ce dernier est le principal bénéficiaire du vote sanction à l’encontre des politiques européenne et nationale. L’actuelle majorité solférienne, en alimentant la désespérance, doit assumer ses responsabilités dans la situation de déliquescence. L’UMP qui a méprisé le vote de 2005 contre les traités européens et qui a mis en place la politique d’austérité doit également prendre sa part de responsabilité. Depuis plus de 10 ans le peuple est bafoué et les jeunes en sont les principales victimes.
Le PG 66 regrette de ne pas avoir réussi à atteindre un score à deux chiffres. Cependant il est en progression par rapport aux précédentes élections européennes de 2009, tant en pourcentage qu’en nombre de suffrages. Dans les Pyrénées-Orientales, la liste Front de Gauche conduite par Jean-Luc Mélenchon obtient 9,08% (contre 8,93% en 2009) et 13 667 voix (contre 10 892). Il en va de même pour Perpignan avec 7,13% (contre 6,83%) et 1923 voix (contre 1 688).
Après l’épisode des élections municipales, le Parti de Gauche et le Front de Gauche se sont remis d’aplomb dans les Pyrénées-Orientales comme à Perpignan. La voie est ainsi tracée : elle exige constance, cohérence et persévérance. Le PG 66 s’y emploiera avec force et détermination en essayant de rassembler tous ceux qui, à gauche, prennent les problèmes à bras le corps pour proposer une perspective et un espoir en rupture avec les politiques qui ont montré leur incapacité.
Pour le secrétariat départemental PG66 Dany BenquetPG66

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Mai 23

La visée contre-révolutionnaire de la construction européenne

Tribune parue le 23 mai 2014 sur le site de Marianne.

Marianne 1

Francis DASPE est Secrétaire général de l’AGAUREPS-Prométhée (Association pour la gauche républicaine et sociale – Prométhée)

 

Les révolutions sont des phénomènes éruptifs pour lesquels il est aisé de discerner un déclenchement. On ne peut par contre pas en dire autant des contre-révolutions : il s’agit bien souvent de processus à la fois plus insidieux et éminemment complexes. Les actes de ruptures y sont plus difficiles à identifier.

La mise en perspective de la situation actuelle caractérisant les orientations de l’Union européenne et des racines de la Révolution française est à cet égard édifiante. Deux revendications furent aux origines des événements de 1789 : le libre consentement à l’impôt, la libre disposition des fruits de celui-ci. Ces fondements de la démocratie sont aujourd’hui fortement remis en cause par l’Union européenne.

En quoi consiste le libre consentement à l’impôt ? Il s’agit déterminer en toute souveraineté qui paye l’impôt, quel impôt est payé, à quel taux il est payé. En quoi consiste la libre disposition de l’impôt ? C’est de délibérer à quoi serviront les recettes fiscales, en somme d’édifier un budget en fonction des priorités politiques retenues.

Ces droits élémentaires sont méthodiquement remis en cause par l’Union européenne. La Commission de Bruxelles possède désormais un droit de regard sur les budgets des Etats membres ainsi que sur le débat parlementaire qui précède le vote. Ses recommandations s’inscrivent dans une finalité claire : réduire les dépenses publiques conformément au dogme de l’austérité. Il y a donc mise sous tutelle par une instance supranationale non élue de la souveraineté budgétaire des Etats. En outre, certaines dépenses sont impitoyablement et systématiquement traquées : les dépenses sociales, les dépenses d’investissement, les dépenses en faveur des services publics. Des impôts n’ont pas bonne presse : ceux qui sont progressifs, ceux qui ont une fonction redistributive, ceux qui visent un meilleur partage des richesses et une plus grande solidarité, ceux qui touchent les revenus du capital. A l’opposé d’autres sont outrageusement recherchés : les impôts proportionnels (on n’ose pas encore les forfaitaires), les impôts indirects, les impôts sur la consommation, la TVA étant l’exemple parfait. On assiste de ce fait à un gigantesque transfert de richesses en faveur des plus nantis et au détriment des plus modestes, à l’image du système fiscal d’Ancien Régime.

Les autorités européennes intiment l’ordre aux gouvernements nationaux de ne plus décider du type d’impôt, des personnes assujetties et du taux. Cette tutelle est aggravée par la constitutionnalisation ad vitam aeternam d’une politique économique reposant sur la concurrence libre et non faussée et l’austérité. A ces deux piliers s’ajoute le dogme monétariste de l’euro fort, indépendant, à défaut de l’être des marchés, du pouvoir politique. La monnaie, fonction régalienne par essence, a été exfiltrée du champ d’intervention de la souveraineté populaire. Quel que puisse être à l’avenir le sens des votes des citoyens, aucune inflexion des politiques économiques n’est  possible : c’est le TINA (il n’y a pas d’alternative) thatchérien qui l’emporte.

Le processus à l’œuvre à l’échelon européen est bien de nature contre-révolutionnaire. Tout ce qui a été conquis est programmé pour se volatiliser. Les propos tenus par Pierre Mendès-France devant l’Assemblée nationale à l’occasion du débat du 18 janvier 1957  relatif à la ratification du traité de Rome prennent une résonance particulière :

« L’abdication d’une démocratie peut prendre deux formes, soit elle recourt à une dictature interne par la remise de tous les pouvoirs à un homme providentiel, soit à la délégation de ses pouvoirs à une autorité extérieure laquelle au nom de la technique exercera en réalité la puissance politique, car au nom d’une saine économie on en vient aisément à dicter une politique monétaire, budgétaire, sociale, finalement une politique, au sens le plus large du mot, nationale et internationale ».

Ils situent clairement un des enjeux des élections européennes du 25 mai prochain : mettre fin au déficit démocratique par la reconquête de la souveraineté populaire et la nécessité d’une nouvelle révolution citoyenne.

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Mai 22

21 mai 2014

David Hermet,  muriel Ressiguier, militante Izquierda Unida, P1120756                                                              P1120762Vin rouge+blanc=ROSE.... non....!                                           

1500personnes  au meeting des Européennes du Front de Gauche…Prestation émouvante de notre camarade d’ Izquierda Unida,en Français, suivi de David Hermet et Marie Pierre Vieu.Un très brillant et gouleyant discours de Jean Luc Mélenchon qui a expliqué les effets dévastateurs du GMT à partir d’une bouteille de vin …Raoul Jennar aurait apprécié ! Superbe soirée qui remet du baume au coeur et à l’ouvrage avant ce 25 mai où il faudra voter FONT de GAUCHE…pour changer d’Europe et penser à l’ Humain d’abord!

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