Mai 20

Caravane Front de Gauche dans les PO

Camarades, bonjour

Les dernières nouvelles de la campagne Front de Gauche pour ces Européennes.

La caravane Front de Gauche est passée dans les PO de samedi à lundi. Nous avons pu ainsi distribuer dans le Capcir, la cerdagne et le Conflent, dès le samedi matin en attendant l’arrivée le soir de la caravane. Nous avons fait entre autres Formiguères, Les Angles, Matemale, Font-Romeu, Saillagouse, Mont-Louis, Villefranche de Conflent, Nefiach, Millas avant d’arriver à Perpignan. Puis de prolonger lundi matin à Rivesaltes et Estagel dans l’Agly et les Fenouillèdes.

Nous avons également pu coller sur les routes de Cerdagne, Capcir et Conflent, qui jusqu’alors n’ont pas été investies par les candidats, c’est le moins que l’on puisse dire.

En fichier, 2 articles parus dans l’Indépendant ce mardi 20 mai sur la caravane Front de Gauche.

Ce mardi matin très tôt distribution massive et commune avec le PC à Perpignan boulevard Escarguel/place de Catalogne. Beaucoup de tracts écoulés en plus d’une heure. Merci aux camarades présents.

Puis à 10 heures présence sur le marché de Prades. Là aussi des tracts écoulés, et confirmation que les affichés collées sur la route Perpignan/Prades ce week-end n’ont pas été recouvertes.

Il reste 2 réunions publique d’ampleur d’ici les élections:

– le meeting régional à Montpellier mercredi 21 juin

– le meeting départemental à Cabestany avec Marie-Pierre VIEU jeudi 22 mai

Par ailleurs un communiqué de Anne-Marie DELCAMP, co-présidente du Comité de soutien de la liste Front de Gauche a été repris sur les sites d’information locaux. Les liens Ci-après pour y accéder:

http://www.directsud.eu/?p=6768

http://www.ouillade.eu/politique/p-o-europeennes-2014-voter-front-de-gauche-pour-renverser-la-table-en-europe/74881

Vous pouvez bien évidemment encore intégrer ce comité de soutien.

AmitiéscastilletP1120671

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Mai 15

Soutien à la manifestation du 15 mai

10h30 place de catalogne à Perpignan soyons nombreux à la manifestation de soutien aux fonctionnaires.
la relance ne se fera qu’avec une augmentation du pouvoir d’achat! Le travail n’est pas un coût mais une richesse!

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Mai 13

MEETING MONTPELLIER 21 mai

Vous pouvez vous inscrire pour un départ de Perpignan à 17h parking du palais des expositions    pdegauche66@gmail.com

 

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Mai 04

Bonjour tout le monde !

Bienvenue dans Réseau PG départemental. Ceci est votre premier article. Modifiez-le ou supprimez-le, puis lancez-vous !

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Mar 26

Perpignan à l’italienne ?

Tribune parue le 26 mars 2014 sur Mediapart.

Mediapart

Francis Daspe est membre du Parti de Gauche à Perpignan. Il est également secrétaire général de l’AGAUREPS-Prométhée (Association pour la gauche républicaine et sociale – Prométhée)

 

 

Le premier tour des élections municipales de Perpignan a livré son verdict. S’il s’inscrit dans la cohérence des grandes lignes nationales, les tendances lourdes y sont cependant notoirement accentuées. A bien des égards, Perpignan offre l’apparence d’un champ de ruines.

Ruine idéologique d’abord avec la première place obtenue par le candidat du Front National en la personne du « prince consort » Louis Aliot. Faillite politique ensuite avec le maire sortant, Jean-Marc Pujol, relégué au second rang, preuve si besoin était de l’échec patent de sa gestion municipale. Naufrage stratégique ensuite avec la désintégration en plein vol de la gauche, partagée entre 5 listes, avec comme figure de proue supposée un député n’atteignant même pas les 12%. Plus qu’ailleurs dans le reste du territoire, le Front national se nourrit tout autant des renoncements du gouvernement solférinien que des dérapages prémédités d’une droite décomplexée. A ceux qui ont véhiculé la fable que les municipales ne seraient pas des élections nationales on pourrait demander comment alors expliquer les scores de Louis Aliot et de Jacques Cresta. Evidemment, ces élections sont également des élections locales sans quoi on ne pourrait pas comprendre que Jean-Marc Pujol soit en passe de dilapider un héritage de cinquante ans « d’alduysme ».

Une tendance supplémentaire émerge de ces résultats inquiétants. Il semble bien qu’une prime à la nouveauté ait été donnée à certaines listes. C’est le cas de Clotilde Ripoull qui manque de peu la barre des 10% et de la liste des Jeunes engagés (en fait des centristes et des catalanistes éconduits par les autres listes) qui remporte le match des « petites listes » ne dépassant pas le seuil fatidique des 5%. Le score de Clotilde Ripoull ressemble en réalité davantage à une victoire à la Pyrrhus : par son slogan « 0% partis politiques », elle favorise plus vite qu’on ne le pense les dérives populistes, le rejet de la chose publique ainsi que sa propre marginalisation au final. Une troisième force incarne depuis plusieurs années dans un autre registre un vent de fraîcheur : le Front de Gauche qui conjugue alternative aux politiques d’austérité, approfondissement d’un projet de transformation sociale et déclinaison des valeurs républicaines. Autrement dit qui s’évertue à traiter les problèmes en amont, et pas à s’émouvoir en aval… La clé de résolution des problèmes, tant attendue par nombre de nos concitoyens, réside dans l’articulation entre ces trois éléments.Malheureusement, des alliances électorales incohérentes et des aventures personnelles doublées d’alliances toutes aussi improbables relevant, pour reprendre une expression d’un hebdomadaire local qui a fait florès, de la geste de pieds nickelés, n’ont pas permis au Front de Gauche de montrer à nouveau sa force propulsive. Ce fut donc clairement pour lui une occasion en or de ratée.

 

Renouveau et reconstruction sont désormais à l’ordre du jour à Perpignan. Ils passent sans aucun doute par un renouvellement générationnel, sans pour autant verser dans le tropisme simpliste à courte vue du jeunisme. Car la campagne a montré à quel point des plus jeunes (encore faudrait-il se demander à partir de quand n’est-on plus jeune…) peuvent avoir une certaine propension (relevant de l’inné ou de l’acquis la question reste ouverte…) à reproduire quasiment  à l’identique les travers imputés à juste titre à leurs aînés, que ceux-ci soient la cible de leurs dénonciations ou au contraire leur mentor. Ils leur arrivent en effet de se fourvoyer dans les mêmes intrigues stériles, les mêmes cynismes opportunistes, les mêmes petites trahisons mesquines, les mêmes ressentiments haineux, les mêmes dynamiques de patrimonialisation de l’action publique, seule l’échelle considérée pouvant varier. Ceux qui montrent impatience et faim de manière trop visibles ne tardent pas à devenir de la chair à canon pour un clientélisme qu’ils entendent par ailleurs vilipender. Cela a été le cas, mais cela l’avait été aussi en 2008 et 2009… Les perdants du choc des clientélismes ne peuvent prétendre se parer d’un supplément de vertu civique au seul motif de leur défaite. De même que l’inexpérience militante ne saurait être un gage de sincérité, de conviction et de désintéressement. Encore faut-il avoir les épaules suffisamment solides. La tentation serait grande d’affiner le diagnostic afin de faire de ces réflexions un texte à clés… Mais là n’est pas notre objet.

 

C’est la situation politique de Perpignan qui nous préoccupe dans l’instant présent. Les perspectives ne sont guère engageantes. Par bien des aspects, une dérive à l’italienne est à l’œuvre dans la capitale du Roussillon. Il n’y aura donc plus aucun représentant de gauche dans le prochain conseil municipal. Le mode d’emploi de la dissolution de la gauche avait été expérimenté en Italie ; il a été appliqué sans coup férir à Perpignan. Dans un cas comme dans l’autre, les principaux intéressés sont les principaux acteurs de leur disparition aux allures de sabordage. L’état de décomposition des forces de gauche était tel qu’il n’y a pas réellement de surprise à constater ce résultat cataclysmique.

L’autre interrogation légitime invite à nous demander si Perpignan ne repose pas un terreau propice au développement du post-fascisme. Le terme est commode d’emploi par son imprécision ; il nous oblige à une réflexion approfondie sur son contenu, ses contours et ses ressorts. Effort que les promoteurs d’un front républicain d’apparence et d’apparat se dispensent de faire, refusant d’aller à la racine des problèmes. Les dernières décennies ont vu en Italie fleurir plusieurs variantes d’un post-fascisme plus ou moins revendiqué. La déclinaison française existe : elle se situe au croisement de l’entreprise de dédiabolisation de l’extrême droite et de « l’extrémisation rampante » de pans entiers d’une droite de moins en moins républicaine. En plus de la gravité de la crise aux multiples facettes qui frappent Perpignan, et dont le chômage n’est que l’aspect le plus visible, l’émergence du post-fascisme est favorisée par plusieurs facteurs. Deux doivent retenir plus particulièrement notre attention : le post-démocratique et le post-moderne.

La réalité post-démocratique dépossède le citoyen de sa part de souveraineté au nom de la tyrannie de la gouvernance et du règne de l’expertocratie. C’est ce à quoi faisait référence le 18 janvier 1957 devant l’Assemblée nationale d’une certaine manière Pierre Mendès-France à l’occasion du débat relatif à la ratification du traité de Rome quand il indiquait que « l’abdication d’une démocratie peut prendre deux formes, soit elle recourt à une dictature interne par la remise de tous les pouvoirs à un homme providentiel, soit à la délégation de ses pouvoirs à une autorité extérieure laquelle au nom de la technique exercera en réalité la puissance politique, car au nom d’une saine économie on en vient aisément à dicter une politique monétaire, budgétaire, sociale, finalement une politique, au sens le plus large du mot, nationale et internationale ». C’est ni plus ni moins que la définition de l’austérité déclinée du local au global, et portée par la sinistre troïka n’agissant en réalité que par délégation de pouvoir de gouvernements nationaux consentants. Comment nier que nous n’y serions pas ? Le post-démocratique se satisfait donc d’un taux d’abstention élevé et d’une atonie de l’engagement citoyen. Le post-moderne pour sa part stipule que le citoyen, ne possédant plus la capacité d’appréhender de manière rationnelle la réalité politique, doit donc accepter sans broncher les régressions de toutes les natures comme une fatalité. Sauf à courir le risque d’être catalogué ad vitam aeternam de ringard.  La fatalité assène qu’il ne peut y avoir d’alternative aux politiques actuellement menées, en dépit de leur inefficacité et de leur injustice.

 

Il y a bien urgence à mener avec détermination le combat idéologique contre le Front National. L’urgence est également de construire en parallèle, dans le cadre d’un Front de Gauche élargi, une proposition alternative à la gauche des partis de gouvernement acceptant l’austérité. Cette stratégie est la seule à même de lutter contre l’abstention, de réduire le périmètre de l’extrême-droite et de redonner fierté au peuple de gauche. Perpignan situe en première ligne de ce défi pressant. La responsabilité est historique.

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Mar 07

Promouvoir les enjeux républicains de la sécurité

Tribune parue le 7 mars 2014 sur Mediapart.

Mediapart

Francis DASPE est secrétaire général de l’AGAUREPS-Prométhée (Association pour la gauche républicaine et sociale  – Prométhée).

 

Trop souvent, une vision étriquée de la sécurité, surfant sur les peurs irrationnelles et l’électoralisme médiocre, occulte sa dimension révolutionnaire. Transcrite dans l’article 2 de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 sous le terme de « sûreté », elle s’est construite contre toutes les formes d’arbitraires et d’absolutismes : la transformation des sujets en citoyens et la reconnaissance de la souveraineté populaire en constituaient les préalables. Il est donc cocasse de constater que ceux qui récupèrent la question de la sécurité soient souvent imbibés d’une culture politique contre-révolutionnaire dénigrant l’héritage de 1789 et 1793.

 

La sécurité est porteuse d’enjeux éminemment républicains. Le premier a trait à la nature de monopole public. Il est aujourd’hui généralement admis que la sécurité relève d’un devoir d’Etat, et qu’il s’agit d’une fonction exclusivement régalienne. Qui sait qu’aujourd’hui les emplois des entreprises privées de sécurité ne sont plus très loin d’atteindre ceux des effectifs publics de la police et de la gendarmerie ?

Le second enjeu en découle : c’est celui de la marchandisation. On pourrait très vite estimer que la sécurité relève de la responsabilité individuelle : ce serait la faire entrer par voie de conséquence dans le champ de la concurrence et de la marchandisation. Les valeurs libérales dominantes favorisent cette évolution. La floraison des entreprises privées de sécurité en témoigne. La privatisation des missions de sécurité devrait se développer à l’avenir si aucun sursaut ne survient.

Un troisième enjeu concerne l’efficacité des politiques de sécurité. La multiplication des lois montre l’inefficacité des devancières qui étaient pourtant sensées solutionner bon nombre de problèmes. Des gesticulations sarkozystes ont découlé un maquis d’une législation surabondante. Pour tenter de masquer ses échecs, Nicolas Sarkozy instaura plutôt brutalement une culture du chiffre. Elle a occulté les vrais problèmes. Les statistiques peuvent en effet être considérées comme « l’art de mentir de façon convenable »…  La culture du chiffre se situe en opposition à l’essence de l’ambition républicaine et de la notion de service public, par une confusion entre efficacité et rentabilité.

Le quatrième enjeu ouvre sur la manière de faire société. Le vivre ensemble en constitue l’aboutissement logique : s’agit-il de raccommoder ou de désagréger ? C’est ainsi que les contresens et les malentendus fâcheux se sont multipliés, entre la criminalisation de la pauvreté et les stigmatisations gratuites, en passant par les incompréhensions avec les jeunes, les déséquilibres police justice ou le non respect des libertés et le contrôle des esprits. Là aussi, ce sont comme autant de manquements rédhibitoires à l’idéal républicain.

 

L’existence de ces enjeux républicains éloigne la sécurité d’un simple « basse besogne sécuritaire ». Pour dépasser le simple effet d’annonce, deux conditions doivent être au rendez-vous de l’ambition affichée : des moyens humains et une volonté systémique. C’est l’exact contraire des politiques menées par les gouvernements depuis 10 ans : suppression de la police de proximité, ignorance de la dimension prévention, réductions des emplois de travailleurs sociaux et de médiateurs urbains etc. L’austérité et le culte de la réduction des dépenses publiques aggravent la situation. On se rallie de la sorte à une gestion étriquée de la société. Il ne faut pourtant pas oublier que ce qui est en jeu, c’est la res publica, son renforcement ou sa désagrégation.

 

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Fév 25

Les étranges paradoxes et les potentialités insoupçonnées des politiques éducatives municipales

Tribune parue le 25 février 2014 sur le site de Marianne.

Marianne 1

Francis Daspe est président de la Commission nationale Education du Parti de Gauche. Il est également secrétaire général de l’AGAUREPS-Prométhée.

 

Les politiques éducatives qu’une municipalité peut mener sont frappées d’un étrange paradoxe. A première vue, il n’y a pas grand-chose qui soit en capacité d’infléchir les orientations nationales : réparer les dégâts causés à l’Ecole de la République relève de la gageure. Le rôle des municipalités dans les politiques éducatives n’est pas de se substituer aux défaillances du service public national. D’une certaine manière, c’est rassurant ; l’échelon municipal doit rester dans l’impossibilité de remettre en cause le cadre national républicain. Car la principale menace réside bien actuellement dans la territorialisation de l’éducation, quels qu’en soient les leviers utilisés : l’autonomie et la gestion managériale sous la droite, la déclinaison de l’acte III de la décentralisation sous le gouvernement socialiste. Cependant, à bien y regarder, on constate que s’offre à une municipalité désireuse de contribuer à la transformation sociale un certains nombre de leviers porteurs de radicalités concrètes. Et ceci dans le strict respect du périmètre des compétences municipales.

 

La laïcité en constitue un exemple éloquent. Elle stipule l’égalité de tous, expulse les marchands du temple, élargit les horizons de la gratuité, récuse les communautarismes aliénants, ouvre les voies de l’émancipation. L’actualité nous montre à quel point elle est trop souvent battue en brèche. Les choix en matière de restauration scolaire peuvent favoriser la relocalisation de l’activité par l’encouragement aux circuits courts. Les emplois du périscolaire doivent devenir pérennes, sous statut public, bénéficier d’une véritable formation, avec la mise hors-la-loi de la précarité. En filigrane, se dessine la création d’un service public de l’animation et de l’accueil de l’enfance au niveau d’une commune. Cette initiative locale peut ensuite impulser une extension à l’échelon national.

Une exigence d’utilisation de l’argent public à des fins d’intérêt général servira de boussole à l’action municipale, en définissant une sorte de traçabilité. Par exemple, la loi Carle ne pourra pas être appliquée : l’argent de tous ne peut pas financer l’école du choix de quelques uns. La sectorisation scolaire visera à favoriser mixité sociale et vivre-ensemble. Elle sera dans les faits un antidote aux processus de ségrégation et de clientélisme. L’application d’une adaptation du quotient familial sur les différents tarifs des activités des centres de loisirs et de la restauration scolaire, en plus de faire progresser la justice sociale au quotidien, s’inscrit dans le nécessaire combat des idées. Il s’agit d’habituer au principe que chacun cotise en fonction de ses moyens et reçoit selon ses besoins. C’est de cette manière que, pour reprendre Gramsci, se reconquiert l’hégémonie culturelle.

 

Ces quelques leviers sont de nature à initier des inflexions majeures à la société. Ils offrent, en fin de compte, la possibilité de changer l’école en profondeur par un heureux retournement : on ne peut transformer l’école sans avoir au préalable commencé à réformer la société. Voire sans changer de société. Le gouvernement se heurte en effet à cette insoluble contradiction. Impossible en effet de refonder l’école de la République si le projet de société ne récuse pas d’emblée la logique d’une société du marché, le cadre de l’austérité ou ne prend pas en compte la réalité d’une lutte des classes.

Ces paradoxes ouvrent des potentialités insoupçonnées à la grande œuvre de transformation sociale et de renforcement de l’édifice républicain. Les politiques municipales éducatives ont vocation à servir de laboratoire aux politiques de résistance. A condition de ne se pas se tromper dans l’usage qui en est fait. S’ingénier à réformer l’école sans entreprendre de transformer la société se révèle une impasse, au même titre que tenter de faire croire que les politiques nationales et les politiques locales ne s’impacteraient pas mutuellement.

 

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Fév 11

Ressourcer la sécurité à ses enjeux sociaux

Tribune parue le 11 février 2014 sur Marianne.

Marianne 1

 

Francis DASPE est secrétaire général de l’AGAUREPS-Prométhée

 

Si la sécurité est comme la République, une et indivisible, son contraire, l’insécurité, ne l’est pas. L’insécurité n’est pas qu’un dérèglement individuel, c’est aussi le symptôme de dysfonctionnements sociaux.

Peut-on parler de sécurité pour tous si règne en maîtresse l’insécurité sociale ? N’est-il pas révélateur que l’outil le plus pertinent pour mettre en application les valeurs de la République soit nommé sécurité sociale ? Sans verser dans un relativisme de mauvais aloi, la montée de la précarisation des sociétés nourrit pour partie celle de l’insécurité. Les processus de dualisation des sociétés ont eu leur répercussion dans le domaine de la sécurité : une sécurité à deux vitesses s’incarne dans les « territoires perdus de la République ». Les quartiers fermés barricadés des villes anglo-saxonnes ou « ghettos pour riches » ne sont pas loin d’avoir leur équivalent en France. L’émoi provoqué dans les cercles dirigeants via les médias quand la violence est délocalisée dans les quartiers chics des centres-villes est à cet égard riche d’enseignement.

 

Au même titre que la justice, la sécurité est une forme de violence légitime exercée au nom de l’intérêt général en vue de sa réalisation. L’article 12 de la déclaration des doits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 stipule que la force publique ainsi instituée doit l’être« pour l’avantage de tous, et non pour l’utilité particulière de ceux auxquels elle est confiée ». En creux se pose la question cruciale de savoir si la sécurité peut être d’essence « conservatrice ». C’est-à-dire, doit-elle préserver des situations acquises et des dominations sociales installées ? Ceci dans le seul but de perpétuer les inégalités d’une société injuste, pour reprendre une phraséologie bourdieusienne. Il y aurait contradiction avec la dimension révolutionnaire portée par le concept de sûreté/sécurité. Son affirmation à partir de 1789 a mis à bas les bases de l’Ancien Régime, politiques avec la monarchie absolue de droit divin, sociales avec la société d’ordres et de privilèges, économiques et fiscales avec le régime seigneurial. La sécurité est donc indissociable d’une ambition de transformation sociale : en cela elle est une exigence républicaine forte.

 

La sécurité s’inscrit dans un projet collectif d’inclusion sociale. A la loi il ne peut être substitué des contrats. Ces contrats sont forcément dérogatoires à la loi commune ; ils correspondent à des intérêts particuliers. Ils contribuent de ce fait à détricoter la loi commune pour instiller des formes insidieuses de privatisation. Quand la loi carolingienne se fut désagrégée devant la volonté d’indépendance des féodaux les plus puissants, la sécurité des plus faibles ne pouvait plus être assurée que par des contrats inégaux qui liaient pieds et poings ces nouveaux serfs au seigneur qui s’était approprié sur un territoire délimité le droit de ban en principe monopole exclusif du roi. Il en va de même aujourd’hui dans le champ des relations sociales. Quand on favorise l’inversion des normes en faisant primer le contrat négocié de gré à gré sur la loi votée au Parlement, on accroît l’insécurité sociale des plus démunis. Dès lors que la loi est vendue à la découpe par la multiplication des contrats, elle réprime davantage sans pour autant offrir la garantie collective de protection.

            Le dépassement de l’opposition factice entre prévention et sanction est également nécessaire. Elle ne tient en définitive que par les outrances caricaturales de chacun des deux camps. Les « laxistes » déguisés en tenants de la prévention sont en réalité incapables de s’élever à la hauteur des enjeux républicains. Les « croisés » de la sanction sont en réalité inaptes à atteindre les enjeux sociaux. La sécurité demande en effet des réponses systémiques.

La sécurité doit être perçue comme une affaire de solidarité nationale dans toutes ses dimensions. La dialectique entre égalité et sécurité trouve place au cœur des enjeux de la régulation des rapports sociaux. La sécurité ne peut être utilisée comme un stratagème des possédants pour légitimer de fait les inégalités sociales en prônant la résignation à l’égal d’un opium. Faute de quoi nous sombrons dans le « sécuritarisme », vision socialement conservatrice. Il ne peut y avoir de sécurité générale sur un terreau d’inégalités et d’injustices sociales. L’oubli des enjeux sociaux liés à la sécurité a des répercussions redoutables. Il conduit à divorcer d’avec l’idéal républicain de fraternité par la recherche de bouc-émissaire. Toute dimension d’altérité est stigmatisée, alors que nous devons au contraire récuser toute forme ethnicisée de la question. L’oubli des enjeux sociaux de la sécurité conduit aux raccourcis simplistes et ouvre la voie aux récupérations malsaines et irrationnelles.

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Jan 22

Ecole : le venin solférinien de la territorialisation

Tribune parie le 22 janvier 2014 sur le site de Mediapart.

Mediapart

Francis DASPE, président de la Commission Education du Parti de Gauche. Il est aussi Secrétaire général de l’AGAUREPS-Prométhée (Association pour la gauche républicaine et sociale – Prométhée).

 

A l’occasion des vœux du Conseil régional d’Aquitaine, Alain Rousset, le président socialiste de l’ARF (Association des régions de France), a promis aux enseignants « dans moins de temps qu’on ne le croit le statut de fonctionnaire territorial ». En s’exprimant de manière aussi abrupte, il livrait tout d’abord le fond de sa pensée. Mais il dévoilait surtout la réalité des basses besognes projetées dans le cadre de l’acte III de la décentralisation par des « solfériniens » décomplexés par les récents discours sociaux-libéraux du Président de la République. Il ne fait désormais plus guère de doute qu’il s’agit de procéder à la casse, les uns après les autres, des cadres nationaux de l’Ecole de la République.

Le statut de fonctionnaire des personnels de l’Education nationale se trouve bien dans la ligne de mire des solfériniens. C’est certainement un cadeau tacitement accordé au Medef dans le cadre du « pacte de responsabilité » généreusement octroyé. Le statut national de fonctionnaire est paré de tous les maux de la société par les valets de l’oligarchie. Il sert en réalité de bouclier à l’intérêt général en mettant à distance les revendications marchandes, clientélistes, consuméristes et cléricales. Il garantit aux enseignants la sérénité requise pour remplir leur mission. L’enjeu était de taille lors de la mise en place de l’Ecole de la République. Il reste aujourd’hui identique : la préservation même imparfaite d’un cadre nécessaire à une Ecole de l’égalité et de l’émancipation.

La vision défendue par Alain Rousset et ses acolytes conduit mécaniquement à l’instauration d’une Ecole des territoires, sous la coupe des féodaux et des entreprises. La déclinaison compulsive de l’acte III de la décentralisation au champ scolaire en constitue le carburant : on s’y dirige inéluctablement à marche forcée. Toute forme de territorialisation de l’Ecole favorise le démantèlement et la balkanisation de cette institution. La territorialisation se situe en effet aux antipodes des idéaux républicains qui doivent inspirer notre système éducatif.

La promesse d’une attaque en règle du statut national de fonctionnaire des enseignants a de quoi alarmer, non seulement les personnels enseignants, mais aussi l’ensemble des citoyens. La persistance d’une même logique de démantèlement par delà l’alternance politique est incontestable. Seuls les outils changent. L’autonomie et la gestion managériale servaient de leviers aux gouvernements de droite. L’actuel gouvernement utilise au maximum les potentialités de l’acte III de la décentralisation pour parvenir à un objectif grosso modo semblable.

Au-delà du cas personnel d’Alain Rousset, c’est l’illustration d’une ligne politique désastreuse qu’il nous est donné de voir. Décidément, le girondin Alain Rousset ne sera jamais, ni de près ni de loin, un Montagnard adepte de la République une et indivisible. Plus grave, les solfériniens n’ont plus grand-chose à voir avec l’idéologie socialiste porteuse originellement de transformation sociale. Dans un même ordre d’idée, qui peut également croire un instant que la loi Peillon ait pu être sincèrement de « refondation de l’Ecole de la République » ? Il est maintenant aisé pour tous de s’apercevoir qu’il s’agissait bien davantage d’une loi de vente à la découpe. Vente à la découpe de l’Ecole, vente à la découpe de la République, le rasoir de l’austérité et de la loi du marché est bel et bien actionné.

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Déc 06

Ce mauvais ANI qui veut faire primer le contrat sur la loi

Tribune parue le 6 décembre 2013 dans L’Humanité.

L'Humanité

Francis DASPE est Secrétaire général de l’AGAUREPS-Prométhée (Association pour la gauche républicaine et sociale – Prométhée).

 

La campagne en faveur du travail du dimanche relève sans aucun doute possible d’une offensive de grande ampleur concertée. Les promoteurs de l’ouverture dominicale des magasins ont en fin de compte recyclé les arguments traditionnels des libéraux : la liberté et l’intérêt général. Arguments dont la conception avancée se révèle particulièrement spécieuse et contestable : chacun en possède visiblement une vision particulière.

La question serait à les entendre d’une simplicité désarmante. Quoi de plus logique que de laisser de braves salariés travailler selon leur souhait et leur intérêt le dimanche pour que d’ingénus clients puissent consommer tranquillement un dimanche, ce qui assurerait en bout de chaîne des profits bienvenus à de presque généreuses entreprises ?  Vieille antienne du libéralisme, la somme des intérêts particuliers ainsi satisfaits équivaudrait mécaniquement à l’intérêt général. Il s’agit d’une grossière instrumentalisation dans le prolongement du travail de sape insidieux entrepris depuis quelques mois par les « pigeons ». Il convient au contraire de se demander de quoi le travail du dimanche est-il le nom, en le réinscrivant dans la période longue du combat séculaire porté par le mouvement ouvrier.

 

Derrière cette revendication, se cache la volonté sourde de revenir au temps instauré par la loi le Chapelier de 1791. Cette loi n’est pas ce que la Révolution française a produit de meilleur. Au motif d’instaurer pleinement la liberté du travail en remplacement du système devenu étouffant des corporations d’Ancien Régime, le droit de coalition fut interdit. Cela signifiait faire de la relation de travail une affaire strictement individuelle entre un employeur et un salarié, de gré à gré pourrions-nous dire. Dans cette configuration, celui qui se trouve en position de force dans la presque totalité des cas, c’est l’employeur. Il peut ainsi dicter ses conditions au salarié. A moins d’être une vedette planétaire en capacité d’exiger avec succès des émoluments colossaux comme dans le sport…

C’est à ce triste sort que furent livrés les ouvriers de la révolution industrielle tout au long du XIX° siècle. L’essentiel du combat ouvrier et socialiste se résuma dans notre pays à un démantèlement continu de la loi Le Chapelier. Il passait par la réintroduction d’une dimension collective à la relation du travail. Ce fut d’abord le droit de grève en 1864, puis la liberté syndicale en 1884, et enfin les conventions collectives en 1936. Ces quelques jalons contribuèrent à opposer au patronat un droit du travail, élément central du pacte républicain et social sur lequel la France s’est appuyée.

 

Les supposées rigidités que le Medef dénonce abondamment tout au long de ses discours, ce sont ces cadres d’un code du travail édifié sur les ruines fumantes de la loi Le Chapelier. L’interdiction du travail du dimanche constitue une digue. La faire sauter aurait des conséquences dramatiques pour les salariés. Comment en effet ne pas imaginer à brève échéance la question, prétendument anodine et subsidiaire, qui serait posée à la fin des entretiens d’embauche ? « Seriez-vous prêt, sur la base du volontariat bien évidemment, à accepter de travailler éventuellement quelques dimanches dans l’année ? ». Même avec toutes les précautions d’usage, nul doute que la réponse s’avérera très rapidement un critère déterminant du choix final de l’employeur. Point de liberté dans tout cela, mais une insidieuse et impérieuse contrainte.

Les hostilités engagées par les libéraux en vue de l’extension du travail le dimanche doivent être comprises comme une étape parmi d’autres pour redonner une dimension individuelle à la relation de travail. Ils disposent à cet effet d’un relai redoutable : le projet d’une « République contractuelle » fondée sur l’inversion des normes. L’objectif est de faire primer le contrat sur la loi, la négociation d’entreprise sur la convention collective. La signature de l’accord national interprofessionnel signé le 11 janvier 2013 par des syndicats minoritaires engage fortement dans le sens de cette dérive. Il y a bien un risque de retour vers l’enfer de la loi Le Chapelier. C’est de cela qu’en réalité le travail du dimanche est le nom.

 

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