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Juin 09

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d’Eric Coquerel: REFONDATIONS

Rassembler ! Sauf les soutiens du gouvernement

Voilà le type de travail à mettre en place dès la rentrée.

Une fois répondu au « pourquoi faire ? », il faut se demander avec qui évidemment. Entre quelles forces ? Le FDG pour commencer. Malgré ses imperfections, il est un acquis précieux. Il reste une force militante quasi unique dans le pays comme l’a encore montré notre campagne européenne mais aussi les marches qu’il a initiées ou supportées. Mais ce ne peut être le même Front de Gauche. Est-ce que cela passe par son élargissement, une alliance plus large à laquelle il travaille et dans laquelle il s’insère, voire son dépassement dans un plus grand rassemblement ? L’avenir le dira. Mais ce nouveau Front devra répondre à trois exigences : sa volonté de créer un rassemblement à vocation majoritaire et gouvernemental dans le pays, je l’ai dit, entrainer vraiment une implication citoyenne et refuser toute ambiguïté avec le gouvernement et les partis qui le soutiennent. A fortiori le Modem ! Toutes les passerelles sont possibles, tout travail commun est souhaitable mais entre les forces, sensibilités, personnalités qui, à gauche, ne se reconnaissent pas dans la politique du gouvernement. Toute ambiguïté laissant à penser que nous serions dans le même camp que lui, critiques certes mais potentiellement dans le même camp, nous amènera à rééditer le résultat des Européennes au premier tour des Présidentielles. En pire même… Donc oui à un travail potentiel et sans autres conditions avec EELV, en restant vigilant puisque ses propositions de travail programmatique du Modem au FDG ne vont pour le moment pas dans le bon sens ce qui devrait d’ailleurs susciter bien des débats en interne, Nouvelle Donne, voire le MRC, la gauche radicale, les socialistes dissidents… Le PS ? Au FDG, seuls pour le moment la Gauche Unitaire de Christian Picquet nous demandent des les interpeller comme les autres au nom d’une stratégie de Front unique figée aux années 30 quand la sociale démocratie était certes réformiste mais pas passée avec armes et bagages du côté du libéralisme. C’est non seulement incantatoire mais semeur d’illusion car laissant à penser en définitive que nos politiques ont quelque chose à voir. A moins bien sûr que Cambadélis n’appelle son parti à refuser de voter le collectif budgétaire… Est-ce crédible de laisser cette hypothèse ouverte ? Du côté des urnes, les élections régionales et départementales de l’automne 2015 constituent un rendez-vous idéal pour donner corps à cette alliance. C’est l’objectif à tenter. Pour passer en tête de la gauche et battre la droite et le FN, deux objectifs qui doivent rester les nôtres à terme, sans céder au découragement.

Garder le cap d’un front politico-social

Mais ce Front ne s’arrête pas aux forces politiques. Ne serait-ce que parce que nous ne savons pas par quel biais cela va redémarrer, une mobilisation sociale n’étant pas à exclure malgré la division syndicale. Nous devons donc soutenir et participer à toutes les initiatives de Front politique, syndical et associatif tel celui qui s’est mis en route pour la marche du 12 avril et qui se poursuit depuis dans un collectif qui prépare une journée de réflexion et d’ateliers le 21 juin. Il y a plusieurs exemples en France avec des résultats inégaux mais un au moins fonctionne à une échelle de masse. Dans les Bouches-du-Rhône le collectif Riposte réunit les partis, les syndicats, les associations opposées à la politique d’austérité. Il se pérennise en démontrant son utilité concrète : dans les entreprises en lutte du département, les syndicalistes disent combien ce collectif leur est utile dans l’établissement d’un rapport de force. Est-ce que les victoires récentes d’Ascometal et de Fralib auraient été obtenues sans ce collectif et sa dynamique ? Ce n’est nullement certain. Ce sont les salariés eux-mêmes qui le disent.

De tels fronts permettent une véritable implication citoyenne qui pour le coup transcende les organisations qui y prennent part. Ce sont des démonstrations vivantes du front du peuple auquel nous aspirons justement depuis la création du FDG. Tout ce qui permet de développer le travail de terrain, l’association de citoyens à travers des assemblées, collectifs ou autres va dans le bon sens y compris les assises du FDG, voire plus larges, demandées par différents appels.

Gagner contre le Traité Transatlantique

De ce point de vue la mobilisation contre le Traité Transatlantique peut être un autre champ de construction de cette unité des antilibéraux. La campagne européenne a eu au moins pour intérêt de mettre cette question en avant à une échelle de masse. Les réunions de collectifs rassemblent déjà des centaines de personnes. Elles rappellent par leur caractère d’éducation populaire, la campagne de 2005 contre le TCE. Les prises de position de nombreuses collectivités territoriales contre cet accord vont aussi dans ce sens. C’est une bataille contre le libre échange que nous devons poursuivre activement et que nous pouvons gagner ce qui dans les temps qui courent est évidemment essentiel. Elle peut permettre d’accélérer la recomposition nécessaire.

Notre dessein : l’écosocialisme

Enfin aux mesures d’urgence gouvernementales, aux mobilisations sociales et sur le TAFTA, il faut ajouter un fond de jeu, un dessein à opposer au libéralisme à l’échelle française et internationale. Pour le PG c’est l’écosocialisme. D’autres forces en France et maintenant en Europe s’y rattachent. Nous espérons que d’autres le feront leur et notamment le FDG. C’est pourquoi, si possible avec les mêmes forces qui accepteront de se poser la question d’une alternative gouvernementale, nous devons continuer à travailler à des assises sur ce thème. L’écosocialisme est le projet de société qui nous manquait, il peut être notre horizon, et la passerelle d’une refondation à gauche

Refondons

Car, on l’aura compris, le seul moyen d’éviter le pire est maintenant d’accélérer la refondation de la gauche. Le FDG a commencé à y travailler depuis 2008. Heureusement qu’il l’a fait même avec ses limites car nous serions dans une situation bien plus délicate encore. Mais cela ne suffit plus : l’heure n’est pas à détruire ce qui existe mais à y prendre appui pour construire plus grand, plus solide, plus ambitieux. Je me garderai pour l’heure de donner un nom à ce Front plus large, ce sera pour plus tard. Mais il n’y a pas d’autres alternatives que d’y travailler d’arrache-pied.

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