Les débats portant sur le théâtre municipal de Perpignan illustrent cruellement l’absence de vision politique globale chez bon nombre des décideurs locaux. La municipalité de Perpignan et l’Université projettent de transformer ce théâtre en amphithéâtre destiné à accueillir des cours dans le cadre du retour des étudiants de doit en centre-ville.
C’est d’abord un manque de projet global dans le domaine de la culture. Le théâtre municipal de Perpignan, véritable joyau, est insuffisamment valorisé dans sa vocation première, l’action culturelle. Aucune articulation n’a été pensée, ni à l’échelle de la commune avec le théâtre de l’Archipel, ni à l’échelle de l’agglomération avec le théâtre de l’Etang à Saint-Estève. Décidément, il existe des erreurs du passé qui se payent très cher et très longtemps… La politique est avant tout affaire d’anticipation et de projection. Le PG 66 élève au rang de priorité la préservation de cet outil incomparable en capacité de contribuer à la dynamisation de Perpignan et du centre-ville.
C’est également un manque de projet global concernant le retour au centre-ville de l’Université de Perpignan. Au-delà des effets d’annonce et des fanfaronnades d’autosatisfaction, un tel retour doit s’appuyer sur des infrastructures et de la logistique solides, pas sur de simples promesses et des expédients dégotés dans l’urgence. Le PG 66 est favorable au retour de l’Université au cœur de Perpignan : reste à s’en donner les moyens, aussi bien en termes d’idées que de réalisations.
C’est enfin un manque de projet global dans le domaine du logement et des aménagements urbains. Rien ne peut se faire sans une amélioration du cadre de la vie quotidienne qui soit respectueuse des populations installées. La dégradation des quartiers du centre s’est accommodée avec la préservation de rentes de situation de spéculateurs et autres marchands de sommeil. Les projets de pseudo rénovation urbaine, conduisant en partie à la destruction du patrimoine historique, visent en réalité à favoriser la construction de nouvelles rentes de situation passant par la « gentryfication » de ces quartiers dont seraient au final exclues les catégories les plus modestes, rigueur de la loi du marché oblige. Le PG 66 considère en effet que le « libre marché » et les allègements fiscaux ne résoudront pas le problème : au contraire, ils en sont une des causes.
Le PG 66 souhaite que la question de l’affectation du théâtre municipal de Perpignan soit l’occasion d’un véritable débat public argumenté. Il passe par un inventaire sans concession des politiques municipales depuis plusieurs décennies, peu importe qu’il se révèle bien cruel au final. Il ne peut pas être déconnecté des orientations législatives nationales : ce serait trop facile de se dédouaner à bon compte. Il passe par une réflexion réellement systémique afin d’être en capacité d’élaborer un projet global (dans lequel par exemple les questions des transports, du commerce, des mobilités doivent être intégrées), au-delà de l’esprit pavlovien de défense des rentes les plus diverses. Il passe par une remise en cause radicale de tous les anciens mondes politiques, si caractéristiques du département, générant les formes de clientélisme les plus éloignées de l’intérêt général.
Francis DASPE, co-secrétaire départemental du PG 66