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Sep 06

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Le nom de la nouvelle région ou la stratégie de l’écran de fumée

LR MPy

Le nom de la nouvelle grande région est un os à ronger. Sous l’écume identitaire, le vieux monde politique local, celui des connivences et des zigzags, se délecte des postures.  Sans doute pour mieux occulter les urgences économiques, sociales et politiques de la région et du département ? Plus sûrement pour tenter de se persuader de son importance pourtant bien érodée.

A la source de la polémique, la réforme territoriale

Les évidences doivent être inlassablement répétées, tant certains seraient devenus amnésiques. Il n’est pas possible de ne pas réaffirmer en préalable son opposition à la réforme territoriale qui a conduit à la fusion des régions Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées. Cette nouvelle région est un objet politique sans unité et sans cohérence. Même les partisans affichés de la réforme, une fois élus ou réélus, conviennent du caractère surdimensionné et factice de cette nouvelle région.

Un double objectif a présidé à cette réforme territoriale.  Il y avait la volonté d’instaurer une vision technocratique visant à éloigner le citoyen des décisions politiques, en rétrécissant la démocratie de proximité et en réduisant à la portion congrue les communes et les départements. L’autre objectif était d’imposer une cure d’austérité aux collectivités locales. Ces deux objectifs correspondent aux recommandations de l’Union européenne. Une réforme territoriale qui avait été engagée par Nicolas Sarkozy avant d’être portée par François Hollande…

Les pompiers pyromanes

 

Les dirigeants socialistes du département soutiennent le mouvement de contestation contre le nom d’Occitanie. Ils veulent certainement faire oublier que leurs parlementaires se sont empressés de voter la réforme territoriale. Trahissant de la sorte le dernier combat politique de Christian Bourquin qui avait fait de la fusion un casus belli.

Il y a sans aucun doute la volonté de redorer quelque peu leur blason pour faire oublier l’acceptation de mesures impopulaires. Les parlementaires socialistes des Pyrénées-Orientales n’ont jamais eu la velléité d’être des frondeurs.

On doit aussi prendre en compte l’existence de règlements de comptes internes au niveau régional au sein Parti socialiste : la fédération départementale des Pyrénées-Orientales a gardé une dent contre Carole Delga en raison des conditions de constitution de la liste entre les deux tours. Ils ont servi de variable d’ajustement, avec 2 élus PS pour 4 élus Nouveau Monde !

Dans ces conditions, les pyromanes de la réforme territoriale et de la fusion ne sont pas habilités à se transformer par magie en pompiers du nom de la nouvelle grande région.

Reniements, alliances contre-nature, hypocrisies

 

D’autres ont oublié leurs engagements et leurs convictions. Ce fut le cas par exemple du subterfuge politicien du nom du département utilisé comme contrefeu par les écologistes. Après avoir continument flatté au cours de la campagne des Régionales tous les relents identitaires régionalistes, voilà qu’une fois élus ils en viennent à déclarer que le nom de la région ne constitue pas l’enjeu essentiel : ce serait le nom du département qu’il faudrait changer. Sur lequel ils n’ont, bien évidemment, pas prise. Ou comment refiler la patate chaude aux autres, tout cela pour éviter de cliver avec Carole Delga. Que ne ferait-on pas pour des vice-présidences et une participation à l’exécutif régional ! Alors qu’ils n’ont pas été élus pour ça… Je pense au désarroi de catalanistes sincères avec des préoccupations sociales réelles… Ou comment retourner dans l’ancien monde politique des combinaisons et des opportunismes !

D’autres ont sauté sur l’occasion pour instrumentaliser la question non sans arrière-pensées.  C’est le cas par exemple des appels incantatoires à l’union la plus large. Ce qui revient à verser dans des alliances contre-nature, incarnées par des collectifs qui amalgament joyeusement incompatibilités et antagonismes notoires. Une forme d’union sacrée, alors qu’on se réclame de Jaurès ? Ou comment se faire une place dans l’ancien monde politique des notabilités et des connivents…

 

Les pompiers sans eau

 

Une autre catégorie s’est emparée du sujet : celle des pompiers sans eau. Ces personnes comptent pour peu dans le débat public. Elles ont trouvé opportunément un moyen d’exister dans le débat public local, faute de propositions structurantes sur les questions essentielles : pauvreté, précarité, chômage, insuffisante diversification de l’économie départementale, non valorisation des atouts écologiques etc.

Il s’agit des partis catalanistes sans guère de ressort, ou des franc-tireurs isolés sans ancrage, souvent hors-sol.

 

La droite

 

La droite, à l’origine de la réforme territoriale lors du quinquennat de Nicolas Sarkozy, s’est jetée dans l’arène. Une double logique l’a mise en mouvement : des arrière-pensées politiciennes classiquement évidentes, la nécessité d’entretenir le clientélisme local en préservant par tous les moyens les rentes de situation. C’est bien la marque de fabrique de la droite des Pyrénées-Orientales, que l’extrême-droite voudrait supplanter dans ces travers.

 

L’ancien Monde à bout de souffle

Ce tableau de l’échiquier politique local n’est guère réjouissant. La polémique du nom de la nouvelle région aura eu au moins le mérite de révéler une fois de plus cette réalité peu reluisante.

Comment en effet ne pas mettre en évidence l’inconstance ou/et l’inconsistance d’une grande partie des représentants politiques des Pyrénées-Orientales ? Ils multiplient les postures bassement politiciennes. De la poste à l’imposture, le fossé est vite franchi. Les chemins empruntés sont souvent incompréhensibles et impénétrables.

Jouer avec le feu n’est pas très honorable. Face à l’incendie, la stratégie des écrans de fumée s’avère dérisoire. Et jamais à la hauteur des enjeux et des responsabilités.

 

Francis DASPE

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